vendredi 16 décembre 2011
Un drone américain capturé par l'Iran grâce au hacking de sa sonde GPS...
Entre stupéfaction et raillerie, la réaction occidentale à la capture du drone US par l'Iran n'a cessé de varier depuis une semaine. L'informaticien.com donne sa propre lecture de cet évènement et c'est peut-être le plus près de la réalité : « Un ingénieur iranien déclare que le drone aurait été capturé grâce à un hacking de sa sonde GPS, une faille pourtant connue des militaires américains ».
Le Christian Science Monitor vient de décrocher une belle exclusivité avec l’interview d’un ingénieur iranien en charge de trouver les secrets du drone RQ-170 Sentinel capturé par l’Iran. Cet ingénieur explique que les spécialistes iraniens de guerre électronique ont été capables de couper les communications de l’appareil, puis ont reprogrammé son GPS afin de faire croire à l’appareil qu’il allait se poser en Afghanistan.
« La navigation GPS est le point le plus faible » déclare cet ingénieur qui préfère garder l’anonymat pour des raisons évidentes. Les Iraniens ont utilisé une technique de brouillage de la liaison satellitaire, puis du « GPS spoofing » pour prendre le contrôle de l’appareil en modifiant les coordonnées de longitude et latitude au sein du drone. Ainsi, les Américains n’ont pas vu que l’appareil était hors de contrôle. Cette précision est importante car certains responsables américains s’en sont pris au président américain et aux militaires leur demandant pourquoi ils n’avaient pas détruit l’appareil afin d’éviter qu’il ne tombe aux mains de l’ennemi. Le fait que les pilotes officiels aient été complètement leurrés est une première explication.
L’ingénieur explique que ce piratage a été rendu possible par des techniques de « reverse engineering » effectuées sur des drones plus anciens capturés, photographiés ou abattus durant ces dernières années et en tirant parti de la faiblesse des signaux GPS, facilement manipulables, selon ses dires.
Plusieurs spécialistes interrogés par nos confrères ont confirmé que l’opération était possible et qu’elle était même documentée. « Je ne dirais pas que c’est facile, mais la technologie existe pour le faire » déclare Robert Densmore, un ancien officier américain spécialisé en guerre électronique.
Cette capture du drone US marque une nouvelle escalade dans la tension existant entre les États-Unis et l’Europe, d’une part, et l’Iran, d’autre part. Le Christian Science Monitor fait également référence à une autre affaire passée relativement inaperçue des médias occidentaux et qui est survenue durant l’automne. Elle concerne des déclarations du Général Moharam Gholizadeh, en septembre dernier. Ce spécialiste de la guerre électronique au ministère de l’Air iranien avait fait des déclarations assez fracassantes sur les possibilités iraniennes en matière de détournements de missiles ou de drones au travers du « re-pilotage » d’un GPS. L’interview avait été retirée du journal Fars News et le général, pourtant jeune, est mort le mois dernier d’une crise cardiaque. Plusieurs médias iraniens ont considéré ce décès comme suspect et imaginent que le général aurait pu être une nouvelle victime collatérale de la guerre sourde que se livrent les services secrets des différents pays.
Maîtrise technologique
Les Iraniens affirment qu’ils ont pratiquement percé tous les secrets du drone capturé. Le ministre de la Défense, Leon Panetta, a déclaré que les États-Unis continueraient à envoyer des drones afin de trouver des preuves d’un programme nucléaire militaire. Toutefois, le fait que les drones soient vulnérables devrait certainement compliquer le travail. Si certains commentateurs américains sont sceptiques, voire ironiques, quant à la maîtrise technologique des Iraniens, ils ne constituent pas la majorité. En effet, la plupart des observateurs considèrent désormais que l’Iran est à un niveau technologique très élevé, en témoigne le hack des certificats qui a permis notamment de retrouver les comptes email de 300 000 ressortissants iraniens. Plusieurs spécialistes ont estimé que cette attaque était, à l’instar de Stuxnet, de nature étatique et provenait d’Iran.
Le programme de surveillance et de capture des drones aurait démarré en 2007 et a été rendu public en 2009. Jusqu’à présent les captures et les destructions avaient été réalisées par des moyens conventionnels. L’utilisation de ce « hack » est une nouvelle illustration des avancées considérables réalisées par l’Iran en matière informatique.
(La voix de la République islamique d'Iran, le 16-12-2011)
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